«Dans la famille traditionnelle et patriarcale … c’est la famille et non l’individu qui prime. La communauté vient avant. Le succès de l’individu dépend du groupe. On fonctionne comme un seul groupe si l’on veut survivre».
Ron Lee
Le regretté Lee Duck, un ancien ouvrier du chemin de fer Canadien Pacifique, qui était à la fois traditionaliste, nationaliste, bienfaiteur de son village et patriarche de la communauté chinoise de Lethbridge, Alberta, avait avant tout une vision pragmatique quant à l’avenir de sa famille.
C’est ainsi qu’il est décrit par son petit-fils Ron Lee, un enseignant au secondaire à Calgary, qui a étudié l’histoire de sa famille depuis le départ de son grand-père en 1905. C’est l’année où son grand-père quitte la Chine pour poursuivre le rêve des hommes de la Montagne d’Or. À l’âge de 20 ans, Lee Duck monte à bord du bateau Empress of India à Macau pour se rendre à Vancouver. Il a sur lui les 500 $ de la taxe d’entrée prêtés par quelques employés du chemin de fer de retour au pays. Dès son arrivée, il va rendre visite à son clan familial et décroche son premier emploi, avec le CPR. Son travail consiste à graisser le dessous d’une locomotive à vapeur et comprend des déplacements à travers les Rocheuses.
page 2 >Durant ses nombreux voyages, il découvre Lethbridge dans le sud de l’Alberta et décide de s’y installer. Il ouvre une blanchisserie et les affaires marchent bien. Il effectue de nombreux voyages en Chine où il épouse sa première femme et commence une famille. Puis il retourne à Lethbridge où il prend une deuxième femme, la grand-mère de Ron, Der Soon Yet, qui faisait partie de l’entourage du docteur Sun Yat-Sen, le leader nationaliste chinois, en visite au Canada «pour une collecte de fonds pour la Révolution».
«Il avait quatre épouses. Trois là-bas et une ici» dit Ron. «C’était sa façon à lui de se protéger contre les revers de la vie».
Il a eu trois fils avec Der Soon Yet, puis trois filles qui, sauf la plus jeune, ont passé les deux premières années au Canada avant d’être envoyées en Chine pour leur éducation. Elles sont revenues au Canada à l’adolescence pour travailler avec leur père dans les blanchisseries. Puis il a fait les arrangements nécessaires pour les marier et accroître l’entreprise familiale.
< page 1