«Il [mon grand-père] racontait toujours avec fierté … qu’il ne faisait pas les travaux dangereux. Il n’a jamais participé aux opérations risquées».
Alexandria Sham
Issue d’une famille d’ouvriers chinois, Alexandria «Alex» Sham, une entrepreneure de Calgary est la première dans sa famille à naître au Canada alors que leur présence au Canada remonte à un siècle environ lorsque ses ancêtres ont quitté la Chine pour aller travailler sur les chemins de fer au Canada et en Nouvelle Zélande.
Originaire de Panyu, un village cantonnais, aujourd'hui intégré à la ville moderne de Guangzhou, le grand-père paternel d’Alex, Sum Yong Tai, est arrivé au Canada en 1910 et a trouvé du travail comme cuisinier dans le camp des ouvriers chinois du chemin de fer dans la région de Hope (C.-B.). Il a pu obtenir les 500 $ requis pour la taxe d’entrée imposée aux immigrants chinois grâce à un emprunt auprès des habitants de son village. Fait intéressant mais aussi pur hasard, le grand-père maternel de Sham était l’un de ceux qui lui avaient prêté de l’argent, il était parti en Nouvelle-Zélande pour travailler sur le chemin de fer, bien avant le mariage de ses parents.
Alors qu’il travaillait comme cuisinier, le grand-père d’Alex faisait aussi des travaux de reprisage et même des vêtements pour les ouvriers. Il a ouvert un atelier de tailleur à Barkerville (C.-B.) et il a ensuite déménagé à Vancouver. Grâce à ses économies, il a pu retourner en Chine au moins deux fois, en 1928 pour épouser sa
page 2 >première femme et quand il a appris la mort de sa première femme, il est reparti en 1932 pour épouser sa deuxième femme.
Mais lors du second mariage de Sum Yong Tai, voilà qu’apparaît la première femme au moment de la cérémonie du thé! Les deux épouses ont eu des fils – destinés à perpétuer le patronyme familial – mais le fils de la première épouse est mort et le père de Sham, Sham Won Chew, est devenu le fils unique de la famille.
Le grand-père d’Alex devait retourner au Canada avant une certaine date, sinon il allait perdre son droit de retour. Mais il a dû laisser sa famille en Chine en raison de la Loi d’exclusion. La famille a vécu séparée pendant plusieurs décennies - durant toute la Seconde Guerre mondiale jusque dans les années 1960 - à cause de la Loi d’exclusion.
«Cela a pris 17 ans. Mon père avait sept mois quand mon grand-père est retourné au Canada, et il avait 17 ans quand il a enfin pu venir au Canada» dit Alex. «Il n’a aucun souvenir de son père, il ne sait pas vraiment ce que c’est d’avoir un père, parce que son père vivait dans un autre pays». La mère et le frère d’Alex sont arrivés en 1969 et Alex est née l’année suivante, suivie d'un frère et d'une sœur.
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