«Mon père était persuadé que si tous les hommes chinois de Vancouver s’engageaient comme volontaires pour ce service (militaire), ils allaient obtenir le droit de vote et devenir citoyens»

- Kevan Jangze

Kevan Jangze

On peut dire de Cheng Ging Butt, le grand-père de Kevan Jangze, qu’il s’est littéralement fait la main sur les chantiers de construction du chemin de fer. Mais lorsqu’il perd un doigt, écrasé par un rail en acier, il décide de quitter le chemin de fer pour un travail moins dangereux.

«Les conditions étaient vraiment primitives : le froid, le manque de sécurité,  grand-père a compris qu’il ne voulait plus continuer ainsi» dit Kevin. «Il s’est alors lancé dans d’autres projets : une épicerie, un temple, un verger de cerises, un alambic pour fabriquer des ‘boissons’, et quelques maisons de jeu. Ainsi, grâce à son esprit d’entreprise, grand-père a pu se construire un petit empire».

Cheng Ging Butt, le propriétaire de Cheng Foo, à Yale (C.-B.), le dernier arrêt sur le trajet en bateau, avant Cariboo, était un pionnier chinois canadien. Son magasin était fréquenté par les ouvriers chinois qui travaillaient sur le chemin de fer Canadien Pacifique et devaient subvenir à leurs propres besoins. À l’âge de 22 ans, Cheng quitte le village de Sun Hui et débarque à New Westminster (C.-B.), vers 1871, quelque temps avant l’imposition de la taxe d’entrée. Au début, il  reste à Barkerville (C.-B.) et se consacre à la recherche de l’or avant de travailler sur les chantiers de construction du chemin de fer.

page 2 >

Avec Lena Jang, l’épouse achetée auprès de la famille Leong, il élève une famille de huit garçons et deux filles. Cheng est mort en 1929, l’année où il a tout perdu à cause de la Grande Dépression.

Bevan Jangze, le père de Kevan, (aussi connu sous le nom de Clarence Jang), est l’un des plus jeunes parmi ses fils. Né au Canada mais non-citoyen à cause de la Loi d’exclusion, Bevan participe à la guerre en tant que commando des opérations spéciales en Asie pour un pays qui ne le reconnaît pas. «Il était un opérateur radio et il allait être largué en Birmanie. Selon lui, c’était une étape importante pour obtenir le droit de vote» dit Kevan.

Bevan a survécu à la guerre, ainsi que ses deux frères plus âgés qui ont aussi servi durant la guerre. Mais il y avait encore de la discrimination. Clarence voulait étudier l’ingénierie mais il n’a  pas été admis parce que les Chinois étaient exclus des professions libérales en Colombie-Britannique. «Finalement, les trois frères qui étaient partis en Europe sont devenus des tailleurs» dit Kevan.

Il s’agissait d’un combat sans répit pour le père de Kevan et ceux de sa génération et nombre d’entre eux ont continué la lutte pour leurs droits en tant que citoyens canadiens.

< page 1

Kevan raconte comment son grand-père est venu au Canada …

Kevan décrit le départ de son grand-père de Chine…

Kevan parle de la ségrégation…