«La loi ne fait exception de personne et s'applique également à tous, et tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination, notamment des discriminations fondées sur la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l'âge ou les déficiences mentales ou physiques».

Charte canadienne des droits et libertés, le 29 mars 1982

«Mon père était persuadé que si tous les hommes chinois de Vancouver s’engageaient comme volontaires pour ce service (militaire), ils allaient obtenir le droit de vote et devenir citoyens».

Kevan Jangze

«Je suis très fier d’être Chinois et je suis fier d’être Canadien. Les gens me demandent : quel est ton  pays de choix? C’est le Canada. Je sais d’où je viens mais mon pays c'est le Canada».

Ron Lee

«Je suppose que nous sommes le pont entre les Canadiens et les nouveaux immigrants puisque nous voyons les choses des deux côtés. Nous pouvons les aider à s’adapter de sorte qu’ils se sentent Chinois mais aussi Canadiens.

Cindy Leong

«Nous sommes tous responsables de bâtir un pays fermement fondé sur la notion d’égalité des chances, sans égard à la race ou à l’origine ethnique».

Excuses présentées aux Chinois canadiens par le Premier ministre canadien Stephen Harper

La réforme du système légal au Canada et la présence des communautés immigrantes contribuent de manière active à la construction du Canada et de l’identité canadienne. Les changements au niveau des valeurs nationales et des attitudes sociales ne cessent de transformer les notions mêmes d’identité et d’appartenance. La politique publique du multiculturalisme en tant que modèle fondé sur le respect de la diversité ethno-raciale et culturelle représente un élément clé de la construction de l’identité et de l’image du Canada d’aujourd'hui.

Le recensement de 2006 qui constitue une indication de la façon dont les Canadiens se perçoivent révèle une population totale de 31 612 892 et plus de 200 origines ethniques.  Parmi les sujets recensés, 1 346 510 se réclament d’origine chinoise. Le recensement de 1901 avec un total de 25 groupes ethniques et une population canadienne chinoise de 17 312 offre une image tout à fait différente.

Environ un tiers des personnes recensées, soit 10 066 290, déclarent une origine ethnique canadienne. Il apparaît donc évident qu’en matière d’ethnicité,  les lignes de partage sont en train de se brouiller pour de nombreux Canadiens. En effet, le recensement de 2006 indique que plus de 40 pour cent des Canadiens se réclament d’appartenances ethniques multiples.

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Depuis les changements apportés aux politiques d’immigration à la fin des années 1960, le nombre de ressortissants chinois de Chine, Hong Kong, Taiwan et d’autres pays de la diaspora chinoise a augmenté de manière significative. Ainsi, le gouvernement canadien adopte en 1982 la Charte des droits et libertés qui garantit des droits égaux à tous, indépendamment de facteurs tels que «la race, l’origine nationale ou ethnique».

Les Canadiens chinois bénéficient des mêmes droits que le reste du pays. La persévérance des travailleurs chinois du chemin de fer qui ont fait le choix conscient de venir au Canada et ont lutté pour appartenir à ce pays constitue un atout pour l’ensemble du pays.

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Cindy Leong explique ce que les autres Canadiens devraient savoir…

La Seconde Guerre mondiale représente un tournant pour la communauté canadienne chinoise alors que le Canada s’achemine vers plus de maturité et une évolution des attitudes sociales envers l’exclusion. Les Canadiens sont alors nombreux à se ranger du côté de la Chine perçue comme un allié sur le théâtre de guerre Asie-Pacifique et à sympathiser avec le sort du peuple chinois soumis à l’occupation japonaise.

Les Canadiens chinois ont aussi servi leur pays – le Canada - durant la guerre, malgré une discrimination initiale à l’égard de leur enrôlement et leur participation. La Grande-Bretagne a même fait appel à des Canadiens chinois pour des missions spéciales derrière les lignes ennemies à travers l’Asie. Au pays, la communauté canadienne chinoise de Vancouver recueille un million de dollars pour l’effort de guerre en Chine. On estime à environ 5 millions de dollars la contribution des Canadiens chinois à l’effort de guerre, soit environ 125 $ par habitant. Souvent, c'est grâce à l’argent envoyé aux familles ou aux districts locaux que la famille restée en Chine a pu surmonter les épreuves de la guerre.

Dans l’ensemble, l’effort de guerre a permis de changer le regard porté sur les Canadiens chinois , tant de l’extérieur de la communauté par les Canadiens blancs, que de l’intérieur par la nouvelle génération de Chinois prêts à s’affirmer et à revendiquer leurs droits en tant que citoyens.

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Après la guerre, d’importants changements apportés aux lois canadiennes participent à la transformation de l’identité légale des Canadiens chinois. Suite aux pressions exercées par les membres de la communauté chinoise, incluant les anciens combattants, la Loi d’exclusion des Chinois est abrogée en 1947. Cette année correspond aussi à l’adoption de la première Loi sur la citoyenneté canadienne. Cette loi contient de nombreuses dispositions sur les prérogatives de la citoyenneté qui incluent, entre autres, le droit de vote.

En 1967, les changements apportés à la loi d’immigration éliminent l’origine nationale en tant que principal critère d’admissibilité à la citoyenneté canadienne. D’autres barrières seront levées afin de permettre la réunification des Canadiens chinois avec leurs familles restées à l’étranger même si, dans de nombreux cas, les changements sont arrivés trop tard.

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Ronald Lee raconte comment son oncle Jack s’est enrôlé dans l’armée …

En dépit de tous les obstacles, les Chinois ont acquis le droit d’être Canadien grâce à leur dur labeur et à leur persévérance. Les familles des travailleurs du chemin de fer ont tous la même conviction que la Montagne d’or  - le Canada – représente l’espoir d’une vie meilleure.

Les Canadiens chinois acceptent et célèbrent leur identité duelle – définie par leur ethnicité et leur nationalité. Alexandria Sham, une des interviewés des Liens qui unissent est fière d’être la première de sa famille à naître au Canada, un siècle après l’arrivée de son grand-père dans ce pays. Les expériences liées à l’identité sont différentes et souvent plus complexes pour d’autres interviewés. Pour Landy Ing-Anderson, il s’agit de concilier son identité canadienne chinoise à son héritage français-canadien de par sa grand-mère et son adhésion à la communauté des Premières nations. Quant à Kwoi Gin, il est toujours en train de se chercher en tant que Canadien.

Aujourd’hui les Canadiens chinois vivent partout au Canada. Chinatown n’est plus un refuge social – où les Chinois se sentent à l’aise et se rencontrent entre eux – mais un espace culturel, accueillant et ouvert à tous. Les interviewées Landy et Cindy Leong racontent leurs expériences dans le Chinatown de leur enfance et leur adolescence.

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Les Canadiens chinois ont aussi adopté le Canada avec ses traditions culturelles. Plusieurs des interviewés des Liens qui unissent racontent leur passion pour le sport et les moments passés en famille à regarder les matchs de «La Soirée du Hockey». Larry Kwong a choisi une carrière sportive parce qu’ils avaient l’habitude de se réunir chaque semaine au premier étage de leur magasin à Vernon (C.-B.) pour écouter Foster Hewitt, la voix du hockey à la radio. David Chu se souvient des matchs de hockey le samedi soir, ils regardaient la télé en mangeant des mets chinois à emporter -  et il se souvient qu’il se sentait alors très Canadien. Quant à Ron Lee, il n’a toujours pas compris comment sa grand-mère est devenue une fan invétérée des Maple Leafs de Toronto.

Au fil des générations, les Canadiens chinois en quête d’identité et d’appartenance ont appris à ré-établir des liens entre eux et avec l’ensemble de la communauté. Et le Canada a aussi appris à assumer sa propre histoire et à considérer les Chinois comme des Canadiens.

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Kwoi Gin raconte sa première rencontre avec son père ...

Aujourd’hui, comme dans le passé, le Canada a recours à l’immigration pour assurer la prospérité de son avenir. Les valeurs contemporaines liées au multiculturalisme et au respect de la diversité participent à la création d’une société plus inclusive. L’évolution du Canada est aussi liée à celle de la communauté canadienne chinoise.

En tant qu’immigrants de longue date, les travailleurs chinois du chemin de fer et leurs descendants ont établi les fondements nécessaires pour aider les  nouvelles générations d’immigrants à réussir leur vie au Canada. Être Canadien relève d’un choix de la part du nouveau venu qui, ayant choisi le Canada, se consacre tout entier à son nouveau pays dans l’espoir de voir ses efforts récompensés dans le futur.

Pour les Canadiens chinois, la réussite est à la mesure des luttes et des efforts engagés pour appartenir et contribuer à l’histoire du Canada. Ils sont nombreux à laisser leur marque : parmi les premiers avocats canadiens chinois, on peut citer les noms de Kew Dock Yip, Gretta Wong Grant et Margaret Gee; Douglas Jung de Vancouver, un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, est le premier Canadien chinois à devenir membre du Parlement en 1957; Vivienne Poy est la première Canadienne chinoise à être nommée au sénat en 1998, et Adrienne Clarkson, journaliste canadienne née à Hong-Kong, occupe la fonction de gouverneure générale de 1999 à 2005.

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Les Canadiens chinois peuvent désormais accéder aux professions libérales. Ils sont aussi des leaders et des activistes au sein de leur communauté. Ils participent à tous les aspects de la vie canadienne. Parmi les participants au projet Les liens qui unissent, il y a des ingénieurs, un artiste, un architecte, un travailleur social, un journaliste, des entrepreneurs, un joueur de hockey professionnel, des cinéastes et un enseignant. Les jeunes Canadiens chinois d’aujourd'hui ont accès à des possibilités multiples et illimitées.

La trajectoire des Canadiens chinois est aussi marquée par une immigration plus récente. Les immigrants de Chine, de Hong Kong et de Taiwan sont présents dans toutes les sphères de la société : ils sont banquiers, médecins, ingénieurs mais aussi étudiants, aide-domestiques ou travailleurs non-qualifiés. Parce qu’ils ont chacun un rôle à jouer dans la société canadienne et ont choisi le Canada comme leur pays, ils ont aussi le droit de se dire Canadiens.

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Alexandria Sham parle de sa famille…

Le Premier ministre canadien Stephen Harper s’est levé dans la Chambre des communes le 22 juin 2006 pour offrir des excuses officielles aux Canadiens chinois victimes de discrimination légalisée pendant plus de six décennies.

«Monsieur, le Président, je m’adresse aujourd’hui à la Chambre pour officiellement tourner la page d’un chapitre malheureux de l’histoire canadienne. Durant cette période, un groupe de personnes – qui ne cherchaient qu’une vie meilleure – a été maintes et maintes fois ciblé, et ce, délibérément, pour des traitements injustes». La déclaration du Premier ministre, admettant et reconnaissant la contribution des Canadiens chinois à l’histoire et l’identité du Canada, marque le début d’une nouvelle ère pour la communauté canadienne chinoise.

«Je parle, bien sûr, de la taxe d’entrée imposée aux Chinoises et aux Chinois qui ont immigré dans ce pays ainsi que des autres mesures restrictives qui ont suivi».

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En accord avec la promesse faite au début de l’année lors de l’élection de son gouvernement, Harper offre des excuses aux Canadiens chinois et retrace l’histoire de la communauté. Il souligne la contribution de «plus de 15 000 de ces pionniers chinois» qui eurent le courage de quitter leur famille dans l’espoir de faire fortune sur la  Montagne d’or. Ces jeunes hommes, souvent adolescents ou à peine sortis de l’adolescence, ont participé à «la plus grande construction de la nation qu’ait connu notre histoire – je veux parler de la construction du chemin de fer Canadien Pacifique».

Il ajoute : «mais dès que le chemin de fer a été terminé, le Canada leur a tourné le dos». Et pendant 62 ans, les Chinois ont été victimes de racisme légalisé au Canada. Il y a d’abord eu les nombreuses taxes d’entrée imposées aux immigrants chinois, de 1885 à1923. Puis l’exclusion pure et simple des immigrants chinois à partir du 1er juillet 1923 suite aux amendements apportés à la Loi sur l’immigration chinoise. Terre-Neuve, la dernière province à joindre la Confédération en 1949, adopte des lois discriminatoires similaires en 1906.

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«Le gouvernement du Canada reconnaît les stigmates et l’exclusion subies à cette occasion par les Chinoises et les Chinois. Nous reconnaissons le coût élevé que représentait cette taxe pour les nombreux parents restés en Chine et qui n’avaient pu se retrouver, - ou quelquefois avaient vécu séparés dans l’extrême pauvreté pendant de nombreuses années.

Nous reconnaissons aussi que le fait de ne pas réellement reconnaître des injustices historiques a empêché nombre d’entre eux de se sentir pleinement Canadiennes et Canadiens».

Le Premier ministre a ensuite présenté des excuses aux Canadiens chinois en présence de la Chambre des communes, en anglais et en français, mais aussi en cantonnais, contrairement à la tradition parlementaire, «“Gar nar dai, doe heem” – Le Canada s’excuse.

La plupart des Canadiens chinois reconnaissent l’importance des excuses. Mais au sein de la communauté, les avis demeurent partagés quant au dédommagement offert aux victimes directes de la taxe d’entrée et de la Loi sur l’exclusion. David Wong, un des interviewés des Liens qui unissent raconte l’histoire de sa tante qui, ayant payé la taxe d’entrée et en droit de recevoir le dédommagement, a refusé le paiement de 20 000 $.

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Brian Joe explique la longue histoire de sa famille au Canada …

David Wong explique la décision de sa famille à propos du dédommagement